MEC101

Le Romantisme existe-t-il toujours ?

Une princesse est emprisonnée dans le donjon du château du chevalier du mal. Son seul espoir de survie repose sur un prince charmant qui viendrait la libérer. Au crépuscule, son sauveur princier grimpe la tour avec son armure brillante, pénètre le cachot de la princesse, attrape ses hanches d’une main, l’embrasse, et de l’autre main, tient la corde qui les feront tous les deux s’évader du château maudit. Après avoir facilement tué le dragon monstrueux, ils sautent sur ce beau mustang noir, qui galope à travers le silence nocturne de la forêt. Pourtant à aucun moment dans cette romance la Princesse n’aura dit  » Ecoutez jeune freluquet je n’ai pas besoin de votre aide pour m’évader, tuer un monstre, et monter à cheval « , ni le Prince de dire  » Poulette, j’ai réservé un hôtel pour la nuit la plus chaude de tes mémoires « . Cette histoire n’est pas un conte nostalgique, mais sert à mettre en évidence l’immense fossé entre la romance d’hier, et les relations homme/femme d’aujourd’hui. On aurait tendance à conclure que le romantisme a disparu, qu’il est complètement éteint. Ou alors, se serait-il transformé, en laissant des traces dans le monde moderne ? Serait-il toujours d’actualité, mais sous d’autres formes ?

Comment être romantique ?

Le romantisme, mettait en avant le dévouement de l’homme envers sa bien aimée (attentions galantes, courtoisie, loyauté, fidélité, amour exclusif et sincère, engagement éternel de protection etc.). Pendant ce temps les Destiny’s Child chantent à la radio « Nous sommes des femmes indépendantes et n’avons aucunement besoin des hommes « , l’une des chansons préférées des femmes au début du second millénaire. Comment être romantique si les femmes ne veulent pas être traitées comme des princesses ? Préfèrent-elles les mauvais garçons?

En réalité, la situation est un peu plus complexe. Il semblerait que, parfois, les femmes veulent être traitées de façon romantique, qu’elles aiment toujours être placées sur un piédestal, mais qu’elles ne veulent pas que ce soit au détriment de leur indépendance pour autant. Le romantisme serait donc devenu une relation épisodique, intime, rare, entre l’homme et la femme, à l’initiative de celle-ci, et qu’en dehors de cette configuration exceptionnelle, la relation  » standard  » est très clairement une relation d’égalité homme/femme à 50/50 dans tous les domaines. Par exemple, publiquement, l’homme n’a plus le loisir de s’adresser aussi librement qu’avant au sexe opposé par  » Mademoiselle  » (ce qui lui conférait un genre de supériorité ou en tout cas le plaçait dans le rôle du charmeur maîtrisant cet être fragile). Il doit dire  » Madame « , et pourra rapidement se faire immobiliser par une prise de karaté s’il manque de respect. Le terme  » Demoiselle  » restera réservé pour quelques moments complices, et si la femme manifeste le désir d’être traitée de la sorte.

Où sont les limites ?

Du coup, doit-on ouvrir et maintenir la porte à une belle inconnue avec le risque de ramasser un  » je n’ai pas besoin d’un portier, je sais ouvrir une porte  » ? Oui, Messieurs, vous devez continuer à vous assurer de ces gestes, qui ne relèvent plus de la galanterie ou du romantisme, mais de la simple politesse civique, et vous feriez de même pour le collègue barbu, ou la grand-mère du rez-de-chaussée, sans pour autant rêver d’une aventure avec eux…

Le romantisme est un rescapé du passé. Mais il faut voir le côté positif : oui, il est maintenant réservé strictement aux relations sentimentales, et il est optionnel. La nouveauté c’est qu’il existe maintenant dans l’autre sens : une femme d’aujourd’hui pourra éprouver à certains moments l’envie d’avoir des attentions romantiques envers son bien-aimé, de lui faire des cadeaux, quelques mots ou gestes galants. Messieurs, à tout moment, dans la rue, une inconnue peut vous offrir des fleurs.

À Propos de l'Auteur